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une autre viePrésentation de l’éditeur : Femme au foyer, Julia mène une vie bien rangée à Londres avec son mari et son fils. Lorsqu’elle apprend la mort de sa jeune sœur, Kate, victime d’une agression à Paris, près du canal de l’Ourcq, elle est sous le choc. Les deux sœurs, dont les relations n’ont jamais été faciles, s’étaient perdues de vue. Ne parvenant pas à faire son deuil, Julia décide d’aller à Paris afin d’en savoir plus sur la vie que menait Kate. Là, elle apprend que cette dernière fréquentait assidûment les sites de rencontre en ligne. Le doute s’insinue alors dans son esprit : et si la mort de sa sœur n’était pas due à une simple agression mais à une mauvaise rencontre ? Ne pouvant se débarrasser de cette idée obsédante, Julia décide de se faire passer pour Kate sur le site Internet d’escorts que celle-ci utilisait. Mais, à l’âge des bilans, des remises en question, des ambitions laissées derrière elle, Julia ne réalise pas qu’elle est en train de jouer un jeu dangereux à double titre. Si elle a en effet raison sur les circonstances de la mort de sa sœur, elle prend tous les risques. Et en goûtant à une autre vie, plus excitante, que va-t-il rester de la sienne ?

Traduit de l’anglais par Sophie Aslanides.

Éditions Sonatine – 432 pages

Depuis le 1er octobre 2015 en librairie.

Ma note : 4 / 5

Broché : 21 euros

Ebook : 14,99 euros

Après son best-seller adapté en 2014 au cinéma par Rowan Joffé avec Nicole Kidman, Colin Firth et Mark Strong dans les rôles principaux, S. J. Watson revient en cette rentrée littéraire 2015 présenter son second roman. Comme tout retour en librairie après une entrée en littérature explosive, Une autre vie était attendu au tournant et les critiques, rarement nuancées, suivent la règle du genre : « on adore ou on déteste ».

Deux approches se chevauchent pour analyser ce thriller psychologique : soit on l’évalue en lui-même, soit on le compare à son prédécesseur.

Une autre vie souffre un peu de la confrontation d’avec Avant d’aller dormir. Déjà parce qu’une attente de pied ferme est souvent accompagnée d’a priori négatifs ou d’espérances démesurées alors qu’il est difficile de faire mieux que la perfection. Ensuite parce que là où l’héroïne du premier roman était une victime attachante et vibrante, elle est en l’occurrence une protagoniste énervante de crédulité. De l’empathie à la simple curiosité de connaître le fin mot de l’histoire, il y a une vraie différence d’approche, forcément hiérarchisée ; l’on préfère évidemment l’affection à l’indiscrétion.

Une mise en balance passablement injuste puisque pris indépendamment, le nouvel opus de Watson est tout ce qu’il y a de plus réussi. L’on peut même dire que l’exploit de l’écriture d’un page turner est réédité.

Résolument contemporain, Une autre vie évoque une des sombres facettes d’internet : les sites de rencontre en général, les plates-formes de speed-fucking en particulier, qu’il s’agisse de rencontre virtuelle ou IRL (in real life). À l’heure d’une société de consommation à outrance dans un temps accéléré, il en va de même pour le sexe. Des relations entre adultes consentants qui pourraient être simples, n’était les dérives et tromperies du web où l’on peut se créer un profil idéal et dans le même temps être mystifié par les avatars de cet anonymat conféré par la Toile derrière lequel les pires instincts se réfugient et se libèrent… De quoi refroidir les aficionados de Gleeden, Tinder et autres Grindr.

Et d’observer la spirale infernale dans laquelle le personnage principal s’enfonce… Alors qu’elle mène une quête obsessionnelle pour élucider la mort mystérieuse de sa sœur, cette quadra mariée et mère adoptive, rangée malgré un passé chaotique, voit ses démons resurgir lors de son enquête qui se transforme rapidement en liaison.

Abordant avec beaucoup d’authenticité le problème de l’addiction (essentiellement l’alcoolisme mais aussi la toxicomanie) et la vulnérabilité psychologique, Watson dépeint avec un terrible réalisme comment une vie ordinaire peut se dérégler rapidement et dans les grandes largeurs du cauchemar et de la tragédie. La dépendance est parfaitement dépeinte par le prisme d’une femme qui, bien que reconstruite après avoir frôlé le drame, ne peut s’empêcher de tester ses limites, de se mettre dans des situations périlleuses. Les mécanismes de l’emprise sont quant à eux décryptés avec justesse et rappellent, même si l’on ne peut s’empêcher de vitupérer contre la naïveté de l’héroïne, que même les personnes « intelligentes », pas vraiment prédisposées, peuvent être prises dans ce genre d’engrenages quand elles sont fragilisées (séparation, chômage, deuil…). Une fragilité que les charognards de la manipulation et du harcèlement savent détecter, quand ils ne la provoquent pas…

De Londres à Paris en passant par Berlin, l’écrivain mène son intrigue crescendo. Malgré quelques sulfureuses longueurs, le récit, prenant, tient en haleine jusqu’à un final percutant et âpre. Un dénouement qui frôle le manque de crédibilité tant la cascade de rebondissements est proprement hallucinante, mais la catastrophe est évitée de peu. S. J. Watson confirme qu’il n’a pas choisi le registre du thriller psychologique par hasard. Il est même un maître du genre, entre intrigues originales et atmosphères oppressantes ciselées. Il est surtout ancré dans son époque, moderne et sa mise en garde contre la vie virtuelle, peut-être un peu alarmiste et moralisatrice (quoique…), réaffirme qu’il n’est peut être pas utile d’attendre nécessité pour apprécier les bienfaits de la déconnexion

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Avant d’aller dormir de S. J. Watson, Amelia de Kimberly McCreight, Les loups à leur porte de Jérémy Fel,  À moi pour toujours & Les revenants de Laura Kasischke, 658 de John Verdon, Preuves d’amour de Lisa Gardner, La Faute de Paula Daly, L’Oubli de Emma Healey, Écoute-nous de Liz Coley, White trash de John King, Le complexe d’Eden Bellwether de Benjamin Wood, L’illusion délirante d’être aimé de Florence Noiville, Fenêtre sur crime de Linwood Barclay…

Extrait :

Agréable, généralement, à défaut d’être excitant.

Cela l’a-t-il jamais été ? Oui, pendant un certain temps, mais dans une relation la frénésie des débuts ne peut être maintenue durablement ; il faut qu’elle se consume, qu’elle se transforme en autre chose. Ce n’est ni sa faute ni la mienne. Cela arrive à tout le monde.

Un grand merci aux Éditions Sonatine et à Netgalley pour m’avoir offert l’opportunité de découvrir ce livre.

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12 réflexions sur “Une autre vie de S. J. Watson

    • Tout à fait d’accord, je suis partie sur la comparaison, que je qualifie d’injuste, parce qu’apparemment, c’est ce que tous les lecteurs n’ont pu s’empêcher de faire. Mais les deux sont très biens et très différents !

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    • Si, comme moi, tu as tendance à préférer les livres aux films, alors ça devrait te plaire. Choisis cependant peut-être le second puisque pour le premier, il n’y a plus de suspense pour toi.
      Mais oui, ça compte les films, bien sûr !

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